J15 - Cañaveral - Galisteo - 28 km

 


Enfin une étape raisonnable ! Pour moi. Ce ne sont certes que 5 petits km de moins qu'hier, mais c'est surtout une bonne heure de moins au soleil. 

Quant au départ, je deviens désormais la spécialiste du départ très tôt, avant l'aube. C'est d'autant plus facile, que je dors très mal sur le chemin ( c'était déjà le cas lors des précédents) à fortiori quand l'un des occupants du dortoir ronfle. Sans vouloir faire offense à notre ami écossais, il rentre dans le Top 2, tous chemins confondus, des ronfleurs les plus bruyants. Pour l'avoir entendu la nuit précédente à Casar de Cáceres, quand il s'est installé sur le lit d'à côté du mien, je n'ai pu qu'esquisser un sourire.

J'ai donc pris la nationale jusqu'à Grimaldo avec une jolie portion bien éclairée à la sortie de Cañaveral ( on ne remercie jamais assez les agents territoriaux en charge des infrastructures qui sauvent ainsi la mise des pèlerins ! ). Puis dans la pénombre, j'ai pu distinguer de part et d'autre de la route des silhouettes d'arbre qui apportaient aussi de la fraîcheur. Cela fait si longtemps que je n'ai pas marché entre 2 rangées d'arbres. Serait-ce de bonne augure pour la suite ?
A un moment dans le noir, je dépasse sans le voir un marcheur qui m'interpelle. Il est sur la droite de la chaussée et moi sur la gauche. Il s'agit en fait de Daniele. A croire qu'en Italie on marche à droite, Franz le fait aussi. Moi, je ne marche à droite que quand le virage à gauche est très serré ou quand l'ombre est à droite ! Je suis rassurée de le voir là. Hier, notre ami écossais l'avait croisé dans l'après midi à faire la sieste sous un arbre et ne le voyant pas arriver à l'albergue, s'en était inquiété plusieurs fois dans la soirée. En fait, Danièle est arrivé tard et a pris un hôtel juste après l'albergue. 

Si la première partie de la nationale est sûre, la seconde un peu moins et à Grimaldo, il est temps de joindre le Chemin. 

Il est 8:30, il reste 20 km à faire. A 3km et une demie heure près, ce sont les conditions de ma marche hebdomadaire jusqu'à la piscine du lac (sauf que je n'ai pas déjà 8km dans les jambes). Tout va bien pour le moment.
A la jonction, je tombe sur James ( en fait son vrai nom est Tchang bin). Il est parti beaucoup plus tôt que moi mais il s'est perdu et ses ampoules le gênent. Ô combien je le comprends. Nous n'avons pas le même rythme et je file donc. 

Il fait maintenant bien jour et la partie traversée est une pure merveille. Des chênes majestueux bordent le chemin, baignés de la si jolie lumière du matin. A chaque pas, j'en apprécie la beauté.
Ce spectacle me met en joie et en paix. Je me surprends à remercier ces arbres d'être là et à prier pour que quelques uns de leurs congénères, accompagnent aussi la fin de l'étape. 
Puis le chemin fait sa trace dans une herbe d'un vert si tendre, que c'est un enchantement de voir ça ici. 
Après quelques km de pur bonheur où je double un couple d'Espagnols, je fais une pause à l'ombre de l'un de ces arbres, assise sur un petit rocher. Quelques rayons de soleil caressent mon dos à travers le feuillage.
Je n'ai pas chaud, je n'ai pas froid, je n'ai pas faim, je n'ai pas soif, mes pieds ne me font pas mal. Les oiseaux chantent. C'est le paradis ! 
Et si je restais là ? J'y reste un bon moment.

Mais à peine quelques centaines de mètres après, ce n'est certes pas l'enfer mais ce n'est en tout cas plus le paradis. Le paysage change du tout au tout. Plus d'arbres, un peu de route, et pour enfoncer le clou une forte odeur ( probablement un animal mort) passagère heureusement, qui laisse rapidement la place à une odeur de fleurs de colza. Seraient-ce ces petites fleurs jaunes ? Individuellement, elles ne sentent pourtant rien. 

L'étape se finit par 8km de champs vallonnés et malgré tout assez verts ce qui est nouveau, au milieu desquels un couloir grillagé des 2 côtés est envahi par la végétation et tient lieu de chemin. Au moins est il à l'ombre ! 

Le bonheur de ce milieu d'étape fera largement oublier les petits désagréments du début dans la nuit et de la fin un peu moins avenante. 


En vrac : 
- le grésillement de la ligne ( haute tension ?) sous laquelle je marche dans la nuit.
- à défaut de voir, faire confiance à son corps pour sentir le sol sous ses pieds la nuit
- Ici par endroits, l'espace entre la chaussée et la rambarde est comblé par du béton. Il y a 2 jours cela m'aurait évité des déboires
- un tunnel heureusement muni de barrières derrière lesquelles on peut marcher
- A Grimaldo le bar est fermé pour la 1ère pause
- Les Espagnols qui me rejoignent lors de ma divine pause, me disent avoir vu un cerf très peu sauvage qu'ils ont pu caresser moyennant lui donner des biscuits. Je n'ai vu du cerf que les photos
- j'aurai plaisir à retrouver ce couple ce soir
- de l'herbe verte puis de l'herbe sèche et blonde puis un mélange des deux. 
- ce ne sont pas tous des chênes mais je ne sais pas ce que sont ces arbres aux feuilles très dures et cassantes
- des bornes jaunes et des bornes vertes
- le couloir de la fin est tapissé de mûres. Mais elles sont soit sèches soit dures. Quel dommagel y en a tellement
- une ferme solaire : etonnat qu'il n'y en ait pas davantage
- après Grimaldo je me trompe de chemin. Comment ferais-je sans GPS ?
- je sors mon téléphone des centaines de fois de ma poche. Il en suffit d'une pour qu'il tombe écran face aux cailloux ! 
- les panneaux indiquent les grandes villes ; après Mérida, Cáceres, la prochaine est Salamanque dans quelques jours.

Photos en sens inverse, je ne sais pas pourquoi !!!






























2 Commentaire(s)

  1. Hello Françoise,
    Que tout ça est bien beau avec de très belles photos et toujours du ciel bleu ! je t'envie! mais j'ai bien conscience de l'effort et la fatigue que ça représente et je t'admire. Patricia et moi t'accompagnons par la pensée et te disons BRAVO et ULTREIA.

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    1. Merci Jean-paul. C'est effectivement très beau et et la force que l'on en retire va bien au delà de la fatigue et de la chaleur. Merci de ton (votre) accompagnement. Je pense que c'est aussi ça qui me porte
      Ultreïa

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