Lee et Maryse s'en vont sous la pluie vers Lescar, alors que Courtney, avec quelques soucis de pied aussi s'y rend en bus. 

Lee m'a gratifiée hier soir, d'un joli message "Google traduit". 

Mais c'est ce matin qu'ont lieu les adieux intenses mais tout en retenue. 

C'est avec Paco et José que je prends le bus vers la gare de Pau. Eux vont à Lourdes, en train, et je joue encore pour quelques minutes la traductrice pour leur billet, mais aussi pour le café que nous prenons ensemble avant leur départ. 

La séparation approche et la discussion se fait plus personnelle. 

Paco moins rompu à l'exercice des chemins est triste à l'idée de cette séparation et ne peut cacher son émotion. Et même si José en a plus l'habitude, les adieux et accolades sur le quai sont empreints de beaucoup de chaleur. 

Voilà, mon expérience de ce chemin s'arrête là. Mais pas tout à fait. 

Pour boucler la boucle, dans le train qui me ramène à Tours, j'envoie un petit message d'adieu et de remerciement à ceux avec qui j'ai partagé un petit bout de chemin : Marc David, Jean-Jacques, Marie Françoise, Chantal et Dominique, Sandrine, Heiko

Leur réponse me réchauffe le coeur et pour couronner le tout, quelques km avant la gare, un arc-en-ciel m'accueille en Touraine. 

Un grand merci à tous pour cette parenthèse hors du temps. 

Je mesure la chance que j'ai de vivre de tels moments.

Merci aux hébergeurs et à leur accueil bienveillant qui nous permettent de parcourir ce très beau chemin, qui nous offrent ce chemin. 

Merci à celles et ceux qui ont suivi mon périple en laissant ou en envoyant de petits ou grands messages, sur ce site ou ailleurs, que j'ai, bien entendu, lus et savourés. Je vous prie de m'excuser de ne pas avoir répondu depuis ma bulle. 

Rendez-vous à très bientôt pour la fin de ce périple !

Elle passe par Morlaàs et contourne Pau par le nord jusqu'à Lescar à l'ouest. 

En général, une halte pèlerin dans un camping est plutôt sommaire. Mais la Halte du camping municipal de Morlaàs est tout le contraire 

Récemment rénové, c'est un lieu très accueillant où Marie Hélène finit de parfaire l'accueil.

Quand j'arrive, tôt forcément, je fais la connaissance de Maryse qui vient de Anoye. Elle est partie du Puy et à Conques a bifurqué sur Toulouse. 

Puis arrivent bientôt José et Paco, puis Lee et enfin Courtney

Comme désormais depuis quelques jours, compte tenu des différences de culture, le repas est pris plus ou moins en décalé. Cependant Maryse qui a eu la chance d'arriver avant la fermeture du supermarché nous invite à partager une bouteille de vin local béarnais. 

Moment apprécié de tous, surtout de Lee qu'on avait du réfréner un plus tôt quand il avait vu cette bouteille sur le plan de travail. 

Pour amortir un peu l'épreuve, j'ai trouvé un raccourci qui passe par des petites routes et permet de gagner 3km sur la première partie jusqu'à ANOYE, petit village intermédiaire, qui n'est plus qu'à 12 km. Merci Mapy.cz !!! 

Mais pour la suite, c'est une autre paire de manche : c'est le chemin ou la départementale !

Courtney a adopté la même stratégie. 

Mais au fur et à mesure que les km défilent, la douleur augmente, la vitesse diminue et l'écart avec Courtney s'accroît. La petite portion de 500 m de chemins caillouteux et/ou boueux est interminable.

Juste après Vidouze, nous passons du Gers  aux Pyrénées Atlantiques. L'architecture des maisons a changé. Les toits sont désormais en ardoise et bien plus pentus. 

Les Pyrénées imposent chaque jour un peu plus leur présence. 

L'observation du paysage passe peu à peu au second plan au profit de l'observation de la douleur. 

Quelle est la part du mental dans cette douleur ?

Où est la limite du supportable ? 

Contrairement à celle de mon genou, il y a quelques jours, soignée à coup de cataplasmes nocturnes d'argile verte, je sens bien que cette douleur là ne partira pas comme ça. 

Les scénarios se multiplient dans ma tête : 

Je reste à Anoye où il y a un gîte pour me reposer et repartir de bon pied demain. 

L'option Saint Jean Pied de Port paraît plus raisonnable que celle du Somport (8 jours de plus).

... 

A chaque pas, je revois mes ambitions à la baisse. 

A Anoye, premier objectif de la journée, n'y tenant plus, je prends la décision de rejoindre au plus tôt la départementale et de finir l'étape en stop. 

2km de petite route où il ne passe pas une voiture ( on est dimanche) me séparent de la Départementale. 

Là encore, les voitures sont rares. Mon pouce levé, ma coquille bien en évidence sur mon sac et mon allure d'escargot, n'arrêtent personne. 

Au bout de 4 km, je finis par appeler un taxi :

"- Quelle est votre adresse ?

- je suis à l'intersection de la D7 et de la D42

- Mais madame, il me faut une adresse 

- je marche depuis 4 h, je n'en ai pas 

- Mon logiciel demande une adresse et je trouve plusieurs D7 : Ivry, Tarbes... Dans quelle commune êtes-vous ? 

- Je n'en sais rien ! 

- Madame, j'ai des personnes en attente, rappelez moi quand vous aurez une adresse !" 

Autant dire qu'après ça, le moral est dans le chaussettes. Il reste 8 km de Départementale jusqu'au gîte !

Je raccroche et je lève une fois de plus mon pouce quand une voiture s'arrête aussitôt. Le conducteur me propose de me rapprocher puis finit par faire un détour et me déposer au gîte non sans m'avoir encouragée à prendre du repos pour ne pas terminer là cette aventure !

 

 

Comme souvent, quand les propriétaires ne sont pas disponibles, le gîte est laissé ouvert avec quelques instructions pour que les pèlerins s'installent au fur et à mesure. 

Avec des Espagnols et un Coréen ne parlant pas français, Hervé a eu fort à faire, en l'absence de sa femme, Isabelle, professeur... d'espagnol. 

En pleine campagne, loin de tout commerce et ravitaillement, le gîte comprenait le PDJ et offrait une bière d'accueil

Mais impossible de la boire à l'apéritif entre une Anglaise qui commence son dîner à 17:30 et les Espagnols qui se sont mis plus qu'à l'heure française en commençant le leur à 18:30 !!! Incroyable !

Et ce matin, le paysage, c'est les Pyrénées. D'abord un peu embrumées puis se découvrant au fur et à mesure de la journée. Encore plus imposantes et majestueuses qu'hier. 

La petite église d'Auriébat, sur sa colline, est visible d'au moins 5 km

J'aime cette progression lente vers un objectif d'abord incertain et qui se précise peu à peu, jusqu'à devenir presque une obsession, un but en soi. En l'occurrence, cette église est étonnante. D'un aspect extérieur plutôt simple, le choeur est presque baroque mais surtout il est à l'ouest ! 

Ce matin des bénévoles ont sorti tous les bancs et font un grand ménage de printemps. 

L'occasion d'une jolie pause sur ce promontoire d'où je vois arriver les pèlerins qui me suivent : les 2 Espagnols que je croyais devant et Lee. 

A Maubourguet, je suis rejointe par Courtney et nous décidons de nous offrir une grande pause avec une grande salade à la terrasse du café du centre. Occasion de la connaître un peu mieux et de reposer ma cheville qui fait des siennes depuis quelques km. 

Nous nous réjouissons toutes les 2 du tracé tout plat que nous annonce Gronze pour le 8 derniers km. La réalité est tout autre : une suite de montées et de descentes dans des bois, et donc, même si cela n'a rien à voir avec les derniers jours, encore bien humides. Marcher à 2 nous aplanit.mentalement les difficultés et nous facilite ce passage. 

En vrac :