Jour 24 - Borres - Berducedo - por los Hospitales - 25 km

Ce matin, pas de lever de soleil sur la montagne. La brume a tout envahi.
J'espère une chose, c'est qu'elle se lèvera dans la journée car aujourd'hui j'attaque les sommets. Je dois monter à 1200m et la variante que j'ai choisie, Los Hospitales, nécessite du beau temps. 

Aujourd'hui, je ne peux pas compter sur mon tracé GPS. Car il est tout droit sur l'étape. J'espère ne pas me perdre.

Los Hospitales est une très ancienne portion du chemin, voie romaine à l'origine, qui comportait plusieurs hôpitaux au XIII, désormais en ruine. Plus un village, rien que la montagne. 

Je pars donc et je marche dans un silence cotonneux. La brume dépose sur ma veste, mes cheveux et les innombrables toiles d'araignées de fines gouttelettes.

Vers 9:30, je sens le soleil poindre derrière la brume puis la dissiper en moins de 5 min pour laisser apparaître peu à peu, le relief lumineux et un ciel d'un bleu intense et uni. Mais quelques minutes plus tard, je comprends....
Le soleil n'a pas dissipé la brume. Je suis passée au dessus.
Au détour d'un virage du Chemin, j'arrive au dessus d'un océan de nuages avec quelques îles montagneuses, le tout inondé de lumière, par le soleil qui se reflète. Le spectacle est féerique. 

Tous les pèlerins en arrêtent leur marche. Et aujourd'hui, ils sont nombreux. Très nombreux. D'où sortent ils ? Je n'en ai vu que deux hier. Et là ils sont des dizaines. Certains sont tellement impressionnés qu'ils en hurlent de joie.

Quoiqu'il en soit, le spectacle n'en est pas moins beau. Des larmes de joie coulent sur mon visage. Je voudrais partager ça ! 

On est à 1000 m et la montée jusqu'à 1200 est fantastique. La végétation est désormais rase. En contre-bas les nuages immaculés. Au loin d'autres sommets. Des chevaux paissent en liberté. Par endroit, l'herbe forme un tapis épais et souple sous les pieds. Paradoxalement, il y a des bornes en bois avec des flèches tous les 50 m. Il ne doit pas faire bon marcher sur ce chemin par mauvais temps. 

Pause déjeuner sur le toit du monde. En tout cas sur le point culminant avec une vue à 360. 
Comment ne pas apprécier cette merveille de la nature ? 

J'ai passé la matinée dans les nuages, il me faut maintenant redescendre (de mon nuage ?!?!) et rejoindre Berducedo quelques 10 km plus loin. La descente sous le soleil est agréable. Les quelques petites montées intermédiaires un peu moins. 
Des pèlerins à cours d'eau sont obligés d'en demander aux habitants d'un des rares hameaux. 
L'étape est plus courte que je ne l'imaginais (mon guide ne parle pas de cette variante) et se termine par un passage dans une forêt de résineux, fraîche et au sol souple et rebondissant.

En te levant le matin, rappelle toi 
combien précieux est le privilège 
de vivre de respirer d'être heureux.
Marc AURELE

En vrac
colchiques, dans les prés, fleurissent, fleurissent, colchiques, dans les prés, c'est la fin de l'été.
- un pèlerin allemand pas vu depuis Santoña, revu aujourd'hui
- des pèlerins avec de tout petits sacs à dos. 
- la pression de ne pas savoir s'il y aura des places à l'Albergue ce soir
- le hameau de la Mortera vraiment mort
- un cavalier (cape et stetson) qui fait le chemin avec son cheval, lonesome cowboy
- je rejoins la pèlerine d'hier soir, 1 km avant d'arriver à l'albergue. Je lui demande où elle s'arrête. Comme moi à Berducedo. Puis elle accélère. Elle arrive quelques mètres avant moi à l'Albergue.
- les herbes hautes et humides qui fouettent mes tibias
- Christina, une New yorkaise qui prends son déjeuner tout en marchant.






































1 Commentaire(s)

  1. Mais tu partages...
    La canopée ou le toit des nuages sont en effet fantastiques. L'effort y est récompensé par tant de joie et une certaine euphorie : bravo. On dit "l'ivresse de l'altitude" et nous l'avons aussi perçue comme telle.
    Encore un challenge à inscrire en réussite dans ta quête et dans ton parcours.
    Mille mercis pour ton partage 😘!

    RépondreSupprimer

Vous pouvez me laisser un commentaire ici. Mais attendez-vous à ne pas recevoir de réponse. Le Chemin est l'occasion idéale de dé-connexion.