Getaria - Deba - 18km

Que 18 km mais quels 18 km !
Je me retrouve ce matin à partir en même temps que ma voisine dévorée par les petites bêtes. Danielle, Vosgienne, la soixantaine, la voix un peu éraillée, comme je les aime, probablement par le tabac, qu'elle dit vouloir arrêter, connait bien cette partie du chemin, pour l'avoir fait il y a 4 ans. 
A l'opposé de moi, elle fait le chemin au feeling, sans guide, sans GPS, en ne programmant rien. J'aimerais avoir une petite dose de son détachement. Très distraite, elle peut perdre facilement ses affaires ou elle-même quand elle marche seule. Bref je parcours les 3/4 de l'étape avec elle, dont l'épisode qui a constitué l'aventure de la journée. 

Aujourd'hui, le chemin emprunte régulièrement des portions de GR ou inversement, d'où la présence de nombreux randonneurs. A un moment, nous voyons 2 d'entre eux, un père et sa fille adolescente, en arrêt devant un portillon d'accès dans un champ ( plutôt une zone mi boisée, mi champ) où broute un troupeau de vaches dont l'une d'elle est placée à moitié sur le chemin à 5 m du portillon. Le père me dit en espagnol qu'il attend parce que c'est un taureau. Je rétorque que ce sont des vaches "son vacas" et je m'engage dans le champ. En passant auprès du bestiau, je me rends compte que c'est un boeuf et le dépasse avec Danielle. Sur ce, notre randonneur, sa fille ainsi que 2 autres randonneuses arrivées entre temps nous emboîtent le pas et nous doublent aussitôt. Mais le groupe s'arrête à nouveau, 100 m plus loin, stoppés ce coup-ci par un groupe de très jeunes taurillons, et cherche à faire demi-tour ou à trouver un chemin alternatif. Le pèlerin n'est pas prêt à faire des détours pour si peu ?!?!  Je prête un bâton à Danielle, me saisis du second et nous nous engageons calmement et dépassons rapidement le groupe de veaux sans qu'il ne bouge, suivis des 4 randonneurs qui nous remercient au passage.!!!
Voilà, c'était l'aventure la plus folle de la journée !  Je vous laisse juge de la folie de l'histoire !

Du coup, les bâtons que nous n'avions pas rangés nous servent bien pour la suite. Car, sur un tout autre genre de terrain, de l'herbe et des cailloux, nous essuyons les plus gros dénivelés trouvés jusque là. Au km 9, pour rejoindre Deba, face à l'alternative qui s'offre à nous, suivre le GR ou le chemin, le  propriétaire d'un camion de boissons et restauration rapide nous indique : le GR est plus court mais plus beau et plus vallonné. Et nous choisissons... le plus beau bien sûr ! 
J'avoue que nous en bavons avec nos gros sacs à dos, à tel point que 4 km avant la fin je laisse Danielle se reposer davantage et pars seule. 
Mais le spectacle en vaut vraiment la peine avec des points de vue à couper le souffle. Si bien que l'un d'eux, après une montée mémorable, me cloue sur place pendant au moins 10 min. La fatigue aidant probablement, je suis subjuguée et envahie d'une très forte émotion.
Un véritable cadeau !
Je comprends pourquoi le Chemin peut générer parfois des élans de mysticisme !

La toute relative rapidité de l'étape permet d'arriver tôt à Deba (Il est vrai que je n'ai pas pris le temps de déjeuner) et du coup de profiter pleinement d'une longue marche les pieds dans la mer !


La désormais traditionnelle rubrique en vrac pour mes petits souvenirs à moi :
- des mûres pas mûres
- des lézards qui traversent la route. C'est mieux que les escargots, ça veut dire qu'il fait chaud
- des odeurs de fermes et de vaches
- des cloches de vaches
- la même cloche ridicule à l'église de Deba : on dirait un coup de cuillère sur une casserole
- les retrouvailles les pieds dans l'eau de pèlerins croisés dans la journée ou hier
- beaucoup de vignes. Et palissées à l'horizontale
- un découpage d'une falaise en cubes ! Naturel ou main de l'homme ?
- des portions de chemins avec plus d'une dizaine de pèlerins marchant dans le même sens
- les ombres allongées du matin
- l'uruguayenne qui a du mal à marcher















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