Jour 22 - Grado - Bodeyana - 30 km

7:30 Déjà prête mais il fait encore nuit. Alors je paresse, lis mes messages et n'y tenant plus je pars.

L'étape d'aujourd'hui est longue, avec 2 grosses montées et si je ne veux pas arriver sur les genoux, il va falloir gérer l'effort. Je me méfie un peu de moi. Déjà hier, j'avais repris mon rythme plutôt rapide qu'Andrea avait su modérer, et que je sais énergivore. Il s'agit de ne pas se griller dès le début. 

Le lever de soleil sur la montagne n'a rien à envier au lever de soleil sur la mer. J'ai envie de m'arrêter toutes les 5 minutes pour contempler. Sauf que ...
En montagne, on est forcément dans une pente. Ce matin, ça monte ! Et la reprise de la marche après l'arrêt, ça n'est pas la même chose qu'au bord de la mer !

Il fait frais, le chemin monte sur 5 km avec des paysages à couper le souffle, puis descend très rapidement. Comme le sentier est sûr, je peux me permettre de me laisser emporter par le poids, ce qui est plus facile que de devoir freiner son allure. Les 2 km de plat avant Cornellana sont presque relaxant. En tout cas, je repousse ma pause de quelques km.
Mauvaise idée car c'est désormais un assez triste spectacle qui accompagne ma marche. Durant presque 5km, on découpe la montagne (Sierra de las traviesas) en petits bouts. Pelleteuses, engins de toute sortes la grignotent pour en extraire je ne sais quel élément qui est ensuite traité dans des usines sur place, en pleine campagne. 
On parle beaucoup d'Amazonie, mais on ne fait pas mieux ici !
C'est au bord de l'une de ces usines, dans un petit coin dédié aux pèlerins que je m'arrête. Pas forcément des plus accueillants, mais le banc est confortable. Je téléphone pour réserver l'albergue de ce soir. Pas de réponse ! 
Pas le temps de démoraliser, une vieille dame sous son parapluie ( il est midi, le soleil cogne fort) s'arrête pour me souhaiter chaleureusement, en me prenant les mains, bon voyage, et bonne chance. 
Deux minutes après, David, de l'Albergue de Bodenaya me rappelle (je n'avais pas laissé de message) pour confirmer ma réservation !
Jusqu'à Salas, le sentier est joli mais le son des engins ratiboisant la montagne, moins !

Pause déjeuner à Salas, sur un banc à côté de l'église. 
C'est presque devenu une habitude. Mais c'est surtout qu'à côté des églises, il y a des bars : indispensable café d'après déjeuner. 
Le seul banc à l'ombre est celui où une vielle dame (encore, mais rassurez-vous, il n'y a pas que des vieilles dames en Espagne ?!?) fait une pause après ses courses. Je lui demande l'autorisation de m'asseoir près d'elle et s'engage une conversation : d'où je viens, depuis quand je marche, " madre mía"... qui devient peu à peu un monologue amusant : elle a déjà entamé le bout de pain acheté, elle s'est fait opérer du genou et souffre des jambes, mais le médecin lui interdit les pantalons, de l'air, elle doit remonter le village pour rentrer chez elle et manger à 15:00...
Amusant et attendrissant

Il me reste 7 km de montée après le déjeuner. 7 km ce n'est pas grand chose, mais après 23, ce n'est pas rien ! 
Je m'y prépare mentalement et physiquement : casquette, crème solaire... Mais dès la sortie de Salas c'est un joli sentier à l'ombre, à flanc de montagne, peu incliné, qui remonte la Nonaya ( que l'on entend couler ! Plus de machines infernales) qui m'accueille. Là, je change de tactique et décide de prendre un train de sénateur pour une promenade dominicale. Peu importe le temps que ça prendra. Et je savoure chaque moment, y compris les petites portions sur la nationale ou au soleil. 
Je mets plus de 2h pour faire les 7km (je crois que j'ai battu un record), mais je suis heureuse.

En vrac : 
- les différents verts de la mousse
- le chant des oiseaux
- les coquilles en Asturies ne sont pas toutes accompagnées de flèches. C'est la coquille qui représente aussi tous les chemins qui arrivent à Santiago, qui donne la direction
- les flèches jaunes sont partout, y compris sur des poubelles à roulettes !
- 2 jolis bancs en troncs dans la forêt
- Ana, la franco-suédoise, qui vit à Barcelone, et qui parle couramment Français, Anglais, Espagnol, rencontrée à Güemes que je retrouve aujourd'hui
- Gérard un pèlerin slovaque dont je sais tout en 3 min, qui en connaît plus sur Tours et Saint Martin de Tours que moi. Bref qui sait tout sur tout
- encore 3 pèlerins à qui j'évite de se perdre grâce à mon GPS. Ma BA de la journée !
- une petite chapelle cachée dans un verger
- des cours de fermes que l'on traverse
- un petit chien indifférent que je dépasse. Il m'attaque par derrière, je sens des crocs sur ma cheville. Sans l'intervention de son maître, le coup d'après, ils étaient dans mon mollet.











































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