Jour 19 - Priesca - Pola de Siero - 36 km

Rude journée : physiquement car l'étape prévue est longue et émotionnellement car mon chemin et celui d'Andrea se séparent : je poursuis vers Oviedo, sur le Primitivo, il continue vers Gijon, sur le Norte !

La distance, 54 km, qui me sépare d'Oviedo n'est pas facile à découper, en raison des hébergements. J'ai donc réservé une pension un peu avant Pola de Siero à 33 km. 
Ce matin, à la sortie de l'albergue, il pleut ! Andrea : "ce n'est pas le meilleur jour pour faire 35 km ! " Pour moi, la question ne se pose pas en ces termes. A cette heure, personne ne sait comment va se dérouler l'étape ! Heureusement la pluie est légère et intermittente. Le début est plutôt facile, mais la petite grimpette de 4 km va commencer la série des difficultés. La série continue avec la pluie qui reprend, avec le chemin qui passe quelques km (trop) sur la route, la distance qui augmente, l'adresse de la pension qui n'est pas précise. Et je me retrouve finalement, fatiguée, avec 35 km dans les pattes, sous la pluie à la périphérie de Pola de Siero à demander à des passants où se trouve la pension. Elle est à plus de 2 km ! Ils me conseillent plutôt l'albergue en centre ville : "c'est facile elle n'est qu'à 1 km !"
Comme dit Andrea, le premier km est facile, pas le dernier ! 
J'arrive épuisée, dans une Albergue déprimante,  mais ça c'est une autre histoire pour demain !

Côté emotion, c'est difficile aussi ! 
Sur le chemin, nous sommes débarrassés de tous les tracas du quotidien, des soucis, des ennuis qui encombrent notre vie. On y est davantage disponible pour tout le reste. Tout y est alors plus vibrant et plus intense : les sensations, les perceptions, les relations. Et en particulier, celles avec les amis que l'on se fait sur le Chemin. 
On est amené à partager des paysages fabuleux, des rencontres avec d'autres pèlerins, des cervezas de fin d'étape, mais aussi des nuits courtes à cause des ronflements, des pique-nique avec du pain pas terrible, au milieu de nulle part, des jours de pluie, des moments de fatigue, de découragement ou de douleur...
Bref c'est un lien étrange, comme un concentré de vie ! 
Avec Andréa, au delà des quelques jours de marche ensemble, nous avons partagé tout ça, parsemé de  conversations badines ou philosophiques, mais aussi de quelques contrats plus ou moins sérieux ou utiles :  
Il me protégeait, surtout des voitures ( j'ai tendance à marcher sur le milieu de la route, hors des passages piétons ou aux feux rouges) et des chiens (il parle aux animaux). Moi, je faisais le guide ( il a tendance à se perdre) On a même failli mourir de faim à 50 m d'un supermarché qu'il était sensé trouver ! 
Je lui ai réparé son sac à dos par une couture que mes amies couturières ou brodeuses renieraient, il a réparé mes pieds avec sa bétadine magique !?!

Un très beau moment d'amitié. 

Si à Bilbao la séparation a été émouvante, à Casquita, elle a été bouleversante. 

How many roads must a man walk down
Before you call him a man ? 
The answer, my friend is blow'in in the wind
Bob Dylan
















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