La pluie cesse 5 min après le départ. Je savoure le moelleux de mes chaussettes encore sèches car je sais d'expérience, qu'après 2 ou 3 heures de pluie, aucune chaussure, aussi étanche soit elle ne résiste. 

La pluie reprend bien vite, et passés les auvents, porches, balcons de la sortie de ville, plus rien ne nous protège.  Aujourd'hui pas de sortie sans cape ni sans bâtons pour assurer l'appui sur les pierres glissantes ou dans la boue.

Mais même bien équipé, c'est d'abord le bas pantalon qui colle sur les jambes, puis la cape qui ruisselle. A 9h, mes orteils nagent gaiement dans mes chaussures !!!

La première montée se fait sous la pluie. L'eau dévale la pente sur le chemin. Mais pas de quoi altérer la bonne humeur de notre petit groupe de 3 : Danielle, moi et Andrea un Italien de Gênes. Quand la pluie le permet, ils se mettent même à chanter ! Et quand au sommet, c'est un ciel découvert qui nous accueille, tout va pour le mieux.

Mais qui dit averses dit changements rapides. La descente qui suit sert juste à sécher l'extérieur de la cape : ni les pieds, ni l'intérieur. Car, il faut savoir que, bien qu'indispensable la cape fonctionne comme une étuve ! 

Comme le K-way dans le sketch de Dany Boon : "Avec le K-WAY, t'es mouillé froid en bas, et mouillé chaud en haut !?!"

Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, l'affluence sur le chemin frôle le zéro. Seulement 7 personnes croisées sur les 21 km : un jeune allemand, 4 Espagnols qui tous les jours nous dépassent à vive allure (les mêmes qui, nous voyant, ce matin, partir malgré le temps, nous avait mis en garde sur le danger des glissades et celui des bâtons avec le tonnerre. Visiblement ravisés depuis !) et un couple de savoyards rencontrés à Deba. 

Andrea me dit que des Italiens avec qui il a dîné hier soir, ont prévu de partir en bus. D'autres ont prévu une excursion jusqu'à la côte, d'autres ont ce matin renoncé....

Chacun son chemin ! 

Le problème, quand il pleut en permanence et que le chemin traverse principalement des forêts ou la campagne, c'est que les arrêts à l'abri pour grignoter ou déjeuner sont quasiment impossibles à trouver. Un panneau indique un hameau à 3 km, mais le hameau en question s'avère en réalité être la maison d'un ermite, sans abri possible et l'on doit pousser jusqu'au hameau suivant, Goikolexea,  6 km plus loin (une heure et demi plus tard !). Alors quand on y arrive, tout est bon à prendre et surtout le porche de l'église. Et au pays basque, les porches des églises sont plus que vastes. Ils font complètement le tour de ces dernières, ont de multiples bancs en pierre et des autels extérieurs.

Grand luxe ! 

J'en profite pour aérer et sécher mes pieds, ainsi que soigner la magnifique ampoule apparue suite à la macération matinale.

Mais le Graal est de trouver 1,2km plus loin, à Larrabetzu, un bar où se rechauffer et prendre un café.

L'étape est courte, nous arrivons à Lezama, avant l'ouverture de l'albergue, sous la pluie, ce qui nous oblige (!) à nous réfugier dans un autre café. 

Les chants ont disparu, mais pas la bonne humeur !

En vrac : 

- une grappe de raisin sous le soleil

- un joli toit de tuiles irrégulières et anciennes

- des chiens belliqueux

- des noix et noisettes trouvées sur le Chemin et dégustées ce soir

- des ruisseaux d'eau et de boue qui dévalent les sentiers

- une vieille carcasse de voiture qui sert de support à une flèche

- des autruches dans le jardin d'une maison au milieu des oies et ses fausses vaches

- le joli cimetière de Goikolexea