Un peu amoindrie tout de même par la jolie petite pluie fine qui ne s'était pas annoncée ! 

Je me réfugie dans une boulangerie, 30m plus loin, où j'achète mon pain pour ce midi et j'en profite pour demander au jeune boulanger, tout étonné, de m'aider à enfiler mon poncho. Qui a suivi mes précédentes saisons sait combien l'enfilage du poncho avec et sur un sac à dos, quand on est seul, relève des plus grands exploits acrobatiques !

Jusqu'à Lunas ce sont 16km de nature, de chemins de moyenne montagne encore très verts, avec de magnifiques points de vues mais sous une alternance de pluies dont le vent transforme les fines gouttes en picotement sur le visage, et d'éclaircies. 

Dans ce paysage vallonné, la lumière du soleil sur le ciel chargé est superbe. Ne pas penser à ce qui peut advenir de ces gros nuages noirs s'ils venaient à crever au dessus de ma tête ! Le futur n'existe pas mais la beauté de la vue et les émotions qu'elle me procure, oui. Je savoure ! 

Au détour d'un virage du chemin, apparaît au loin la chapelle Saint Amans qui se détache sur le ciel à la faveur d'une éclaircie, et se rapproche peu à peu. La lenteur de la marche permet de prendre possession physiquement et progressivement de ce spectacle qui est donné

La chapelle m'offre un abri précieux et rare,  et l'occasion d'une pause. Le vent est glacial. Les dalles du minuscule porche où je m'installe le sont aussi. Pour repartir, je suis obligée de protéger mes mains gelées ( je regrette les gants que j'ai hésité à prendre) avec les chaussettes que je viens de retirer au profit de nouvelles, sèches ! Dieu sait qu'elle odeur auront mes mains à l'arrivée. Un peu plus bas heureusement, j'aperçois quelques pieds de thyms sauvages dans lesquels je plonge les mains !

La variante au GR653 que j'ai prise me fait de gagner 8km sur l'étape ce qui me permet de prendre un hébergement 4km plus loin que la fin supposée de l'étape. Cela raccourcit d'autant l'étape de demain. Pour ce départ, j'ai préféré jouer la prudence pour gérer ces 2 étapes annoncées longues et difficiles. 

Bien entretenue, cette variante n'est pas balisée du tout. Et à l'heure où j'écris, je serais encore probablement perdue sans l'aide de mon gps et des traces trouvées sur Gronze

Si l'entrée dans  Lunas se fait par de jolies ruelles pleines de charme, les 4 km qui suivent, sur la D8, de Lunas à Bousquet d'Orb sont à oublier

Mieux vaut il se rappeler de la multitude de fleurs sauvages qui jalonne le Chemin. La grande majorité m'est inconnue. On peut aimer les fleurs comme le botaniste qui en connait le nom et toutes caractéristiques, comme l'abeille qui les voit en garde-manger, comme le jardinier... J'ai renoncé à en rechercher le nom, je suis juste éblouie par leur beauté simple et qui m'est offerte ! 

Une très belle première journée 

Avec un peu d'adversité, mais pas trop : suffisamment pour se sentir vivante !

En vrac :

- l'odeur de la terre travaillée par ce monsieur dans son jardin 

- les 7 ponts de Lunas, son château transformé en restaurant et pas un café pour boire... un café !

- insolite et décalé : la K-caravane toilettes sèches !?!?!?!