J1 - Séville - Guillena - 22 km

Quand je sors dans la rue, je marque un temps d'arrêt. N'ai-je rien oublié ? Il a fallu, ce matin, se remettre dans le rythme du rituel de départ : remplir le sac dans le bon ordre, remplir la poche à eau, s'assurer de ne rien oublier, préparer le GPS, déposer les clés... 
A 8:30, il fait déjà 19° !
Me voilà prête pour ma première étape :  elle sera chaude mais heureusement courte. 

Aucune flèche jaune en vue ! 
Toute aventurière que je suis, ( nom dont certains m'affublent : tout est relatif, on est bien d'accord ! ), je n'en dégaine pas moins mon GPS, pour sortir de la ville. Je découvre la première juste après le pont Isabel III, qui franchit le Guadalquivir, dans le quartier de Triana. 
Cette étape sera celle de nombreuses premières.
Si certains imaginent le Chemin comme une suite de paysages magnifiques, il suffit de sortir de quelques grandes villes pour s'en détromper. Séville n'y déroge pas : il faut passer les zones en déshérence, ou abandonnées et autres terrains vagues, comme certaines parties des restes de l'exposition de 1992, pour enfin découvrir ce que sera le Chemin. Et celui-ci n'a rien à voir avec le Norte, que je parcourais, il y a deux ans. Il commençait par le pays basque, ses collines verdoyantes et sa côte sauvage. Ici, tout est sec aride et chaud ! 
Je découvre qu'en Andalousie, on cultive non seulement les oliviers et les orangers mais aussi le coton. 
A Santiponce, seul village du parcours, je fais une halte pour prendre mon premier "café con leche" qui je l'espère sera suivi de pleins d'autres. Le hasard me fait choisir un bar sous le signe du Camino. J'y côtoie les locaux eux aussi, à 11:00, sont encore au café et tartines. L'heure de l'apéro est encore loin pour les Espagnols.
A la sortie de Santiponce, on longe Itálica, vestige d'une importante ville romaine (IIéme siècle avt JC) qui a vu naître Trajan et Hadrien, mais dont on ne voit rien du chemin. 
L'entrée est paraît-il gratuite pour les pélerins. Mais l'idée de devoir marcher aux plus chaudes heures, me fait renoncer à la visite.
Et juste après...
Le paysage, sec, aride, ( même chose qu'avant Santiponce mais en pire ! ) sans une once d'ombre ni de vert, et le long sentier qui se perd à l'horizon, préfigurent les 12 km suivants ! Dont 8 km de ligne droite ! Presque aussi long que les 12 km entre Escoursolle et Labouheyre, sur la Voie de Tours dans les Landes. On a la Meseta qu'on peut !
L'ombre de quelques bambous et le bruissement de leurs feuilles en deviennent un évènement et invitent à une pause très appréciée. J'en profite pour revoir ma stratégie de lutte contre le soleil. Malgré la couche épaisse de crème solaire, j'ai bien conscience que ma nuque ne supportera pas les quelques heures de ce soleil. Alors je sors le foulard qui m'a accompagnée sur les 2 précédents chemins et improvise une paire de manches qui prend appuis sur ma tête, et qui est coincée par ma casquette. Autant dire qu'avec cet accoutrement, je ne passe pas inaperçue. Ça tombe bien, il n'y a personne, sauf quelques VTTistes égarés. 
Et puis, au sommet d'une petite montée, j'aperçois un village blanc : Guillena ou pas Guillena ? Le suspense est moindre car il n'y a aucun village sur le parcours depuis Santiponce. Et quand, je découvre à l'entrée du village, que l'albergue est plus près que prévu, tout est pour le mieux !

Comme prévu, l'étape a été courte mais chaude !  
Quel bonheur de repartir sur le Chemin !


La marche est ouverture au monde.
Elle rétablit l'homme dans le sentiment heureux de son existence
David LE BRETON

En vrac : 
- les petits écoliers sévillans en uniforme : short et t-shirt de sport 
- un magasin d'évantails magnifiquement mis en scène
- un pélerin ? que je suis sur 3 km puis plus rien... S'est il perdu ? comme moi ? Avance-t-il plus vite ? Probable vu le nombre d'arrêts que je fais pour prendre des photos
- la petite erreur de parcours après seulement 3km qui entraîne un demi tour : 1ére alerte
- la chaussée défoncée avant Santiponce
- des coquilles vides de mini escargots agglutinées sur des plates sèches. Et ce pendant des km : déroutant !
- mes premières fermés solaires
- la cueillette des olives, à la main
- celle du coton, à la machine
- l'eau de ma poche à eau, chaude d'abord ( celle du tuyau) puis froide
- un curieux rassemblement d'hommes en uniformes ou en civil avec des fusils et des bruits d'armes à feu !?!?
- les pieds qui chauffent ( ça risque de se reproduire) 
- mon pantalon qui frotte sur les piqûres de moustiques d'hier !


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